Chroniques DVD
15
Juil
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

ruggero deodato aventure film bis cannibale

Genre : relis le titre !

Scénar : alors que l’homme moderne conquiert l'espace, certains vivent encore à l'âge de pierre. Mais ceux qui sont partis à la rencontre audiovisuelle de ces derniers sont morts… Deux expéditions n'étaient déjà pas revenues, alors, jamais deux sans trois, hop, une équipe menée par l'anthropologiste (si, si) Monroe part enquêter même si « je ne peux pas garantir que vous en reviendrez », lui dit le lieutenant. Pas d'inquiétude cependant, Chaco, un tordu surarmé, sera son guide. Note le ridicule de la situation, ils partent à quatre dont un « sauvage » capturé dont la tribu n'est, ouf, pas cannibale, les explorateurs sont bien reçus, le repas est même vomi en l'honneur des visiteurs. Les tribus suivantes sont beaucoup moins rigolotes et se fritent l’une l’autre, s’entredévorent, et voilà que les blancs s'en mêlent, ils finissent même par retrouver les reste des disparus, mais Monroe veut absolument récupérer le film, car figure-toi camarade, que l’audimat n’attend pas !

« Faut-il montrer l'enfer aux hommes pour qu'ils croient à leur bonheur ? », là est la question. Quoi qu’il en soit, Ruggero Deodato tape très, très fort avec cet holocauste qui montre outre des décors moussus et boueux où se tortillent sangsues et asticots énormes, des images plutôt choquantes pour l’époque (et jusqu’à aujourd’hui pour les personnes sensibles) exhibant pêle-mêle nudité masculine, cruelle punition pour adultère, accouchement forcé, viols, amputation à l'ancienne, émasculation, et surtout le massacre - réel - de pauvres tortue, araignée, serpent, singe ou cochon (ce dernier sera tué simplement parce que l’équipe eut envie de varier un peu du poisson du fleuve et décida d’inclure la mort du dîner dans le film). Choquantes à un degré moindre sont les coupes de BEATLES des indiens que l’on orne parfois d’un maquillage blanc bleuté à la zombie. Filmé avec soin et une bonne dose de suggestion qui fait monter la tension sans en faire trop, tout ceci débouche sur un dernier quart d'heure d'anthologie où l’on note ce contraste de dingue permanent entre la musique globalement baba cool (signée Riz Ortolani, choisi par Deodato à cause de la musique du film Mondo cane qu’il adorait) et une violence graphique qui n’y va pas par quatre chemins, on imagine avec peine un tournage visiblement mouvementé, entre autre marqué par la visite surprise du président colombien (!!!).

Le film que son auteur voit plus néo-réaliste qu’horrifique est entrecoupé de séquences postérieures car une émission télévisée revient ensuite sur le documentaire  récupéré par Monroe (« L’Enfer vert ») et on note que bien peu de critiques pleuvent sur les jeunes explorateurs disparus, manifestant pourtant des mœurs très libres et crues, ne pensant finalement qu’à la célébrité et au profit. D’ailleurs, après s’être comportés en sales voyeurs devant des scènes des plus brutales, certains n’hésiteront pas à violer et tuer, faisant passer les cannibales ou les animaux de la jungle pour des êtres plutôt peaceful. Plus très méchant aujourd'hui dans sa majorité par rapport aux films glauques actuels terriblement plus outranciers, Cannibal Holocaust est pourtant toujours choquant car il va au bout d'une critique acerbe de l’humanité  « civilisée », aussi désespérément conne que celle des conquistadores d'antan et souvent bien plus méprisable que celle qu'elle qualifie elle-même de « sauvage » ou d'inférieure. Il s’en prend aussi à la télévision prête à tout pour tout diffuser, même à l’argument en bois (« le public exige de connaître et de voir la vérité »).

Cannibal holocaust est à ranger sur la même étagère que le fondateur Cannibalis - Au pays de l'exorcisme 1 d’Umberto Lenzi (qui devait d’ailleurs apparemment réaliser Cannibal Holocaust), Le Dernier monde cannibale 2 du même Deodato, et puis, tant qu’à y être, Cannibal Ferox signé Lenzi, encore une bande sanguinolente à la couleur exotique. Il va sans dire qu'à la suite du grand succès de Cannibal holocaust, et ce malgré de nombreuses interdictions, un mini-courant « film de cannibales » s'empressera de faire marcher la photocopieuse, quitte à zoner dans l'absurdo-naze, par exemple avec le tout moisi Mondo cannibale 3 de Jess Franco.

Bonus : filmographie de Deodato, galerie photos, bandes-annonces, scènes censurées dans la version française, interview de Julien Sévéon (« Carnage culte », 12’), documentaire / making-of (60’ avec une bonne partie de l’équipe dont le compositeur Riz Ortolani, le directeur de la photo Sergio D’Offizzi, l’acteur Luca Barbareschi, le décorateur Antonello Geleng), conférence de presse en français de Deodato (2003, 22’) où il se montre toujours surpris de l’engouement pour ce film qui lui a attiré beaucoup d’ennuis, rappelons au passage qu'on l’a tout de même accusé d’avoir vraiment fait tuer les acteurs à qui il avait contractuellement demandé de disparaître pendant un an pour appuyer encore plus le côté pseudo-reportage. 

1 voir Cannibalis - Au pays de l'exorcisme de Umberto Lenzi (avec Ivan Rassimov, Me Me Lai...) 1972

2 voir Le Dernier monde cannibale de Ruggero Deodato (avec Massimo Foschi, Me Me Lai…) 1978

3 voir Mondo cannibale de Jess Franco (Avec Al Cliver, Sabrina Siani…) 1980

https://www.youtube.com/watch?v=WoJJfAOfE_Q

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